A la veille de la fin de la troisième législature, le président du Caucus des parlementaires de l’Ituri Jean-Claude Draza en évalue le parcours

Kinshasa, 27 septembre 2023 (IturiNews).- Il semble lointain l’époque où le Caucus de parlementaires de l’Ituri tenait ses assises pendant les vacances parlementaires, assises appelées « sommets », qui étaient sanctionnées par des déclarations politiques souvent retentissantes. « L’ordonnance du Chef de l’Etat décrétant l’état de siège a interdit les activités politiques. C’est pourquoi une bonne partie du mandat en cours, le Caucus ne s’est pas réuni en Ituri », explique le député national Jean-Claude Draza, élu de la circonscription d’Aru, dans un entretien avec IturiNews le mercredi 26 septembre 2023 au palais du peuple où se tenait une plénière de l’Assemblée nationale.

« Nous tenons ici à Kinshasa des réunions extraordinaires », ajoute-t-il tout en reconnaissant que « nous ne communiquons pas malheureusement, c’est pourquoi beaucoup de gens ne connaissent pas ce que nous faisons ».

Jean-Claude Draza est l’actuel président du Caucus des parlementaires de l’Ituri. La présidence est tournante, suivant les circonscriptions. Il en est le quatrième de la législature en cours, la troisième de la troisième République, qui est en voie de s’achever en décembre prochain. Sous son mandat comme président du Caucus, celui-ci a fait une seule déclaration politique.

Il définit le Caucus comme étant « une structure politique informelle », créée depuis la première législature par des députés de l’Ituri à Kinshasa. « L’honorable Ngabu Kpari a été l’initiateur. Et d’autres provinces s’en sont inspirés », relate Draza.

L’objectif du Caucus, précise Draza, est de permettre aux élus d’un coin, d’une province notamment, de se mobiliser pour faire des plaidoyers, voire des revendications concernant leur province.

« J’ai placé mon mandat sous la vision diplomatique. Ça veut dire coopération avec des structures politiques, administratives, et autres. Au stade actuel, nous avons posé certaines actions. En effet, sur le plan diplomatique, le Caucus, conduit par notre personne, s’est rendu en Ouganda pour échanger avec nos collègues surtout des contrées frontalières de la province de l’Ituri, jusqu’à rencontrer le Président Museveni », déclare Jean-Claude Draza. « C’est la plus grande activité du Caucus », avoue-t-il.

Selon ses dires, ce déplacement a permis de traiter des problèmes d’intérêt commun, étant donné que, argumente-t-il, « nous avons compris que nous sommes liés avec ce pays sur les plans sociologique, économique, sécuritaire, etc. ».

Jean-Claude Draza évoque par la suite plusieurs plaidoyers et démarches du Caucus auprès des responsables de diverses entités de la RDC.

Il rapporte qu’auprès du vice-premier ministre et ministre de la Fonction publique, le Caucus a obtenu un « résultat positif », à savoir la mécanisation d’un nombre assez important d’agents originaires de l’Ituri, surtout dans le secteur de la santé. Jusque-là, a-t-il déploré, la mécanisation des Ituriens est étouffée.

Le Caucus a mené des démarches similaires auprès de l’Ogefrem (Office de gestion du fret multimodal), de la DGRAD (Direction générale des recettes administratives, domaniales et de participation), de la Direction Générale des Impôts (DGI), de la Direction Générale des Douanes et Accises (DGDA) et de la Banque centrale du Congo (BCC).

Quatre sujets ont constitué les plaidoyers auprès du directeur général de l’Ogefrem, précise Jean-Claude Draza. Primo, l’acquisition d’un bureau pour la province de l’Ituri, démarche en cours. Secundo, la création de parcs à bois, étant donné que les bois qui sont produits en Ituri sont comptabilisés à l’exportation au compte du Nord-Kivu. Ce qui constitue un manque à gagner au détriment de la province de l’Ituri.

Tertio, la création de quais sur le lac Albert au littoral congolais comme il en existe du coté ougandais. A ce propos, l’Ogefrem a eu à dépêcher une mission exploratoire sur le terrain et entend inscrire ce projet dans son budget.

Quarto, le plaidoyer pour augmenter, en province de l’Ituri, l’effectif des Ituriens au sein de l’entreprise, qui est de moins de 10% à en croire le président du Caucus des parlementaires de l’Ituri. “Le DG a promis qu’un recrutement sera lancé. Priorité sera accordée aux Ituriens. Un test sera organisé et la correction se fera sur place en Ituri pour raison de transparence”, informe Draza.

A la DGRAD, renseigne Draza, la direction provinciale compte 92 agents, dont 45 Ituriens parmi lesquels très peu de cadres. “Grâce à notre plaidoyer, un recrutement est en cours sur dérogation du vice-premier ministre, ministre de la Fonction publique”, se satisfait Draza.

L’’autre demande des élus à la DGRAD, à savoir l’acquisition d’un bâtiment propre, est en cours.

Pour ce qui est de la DGI et de la DGDA, le plaidoyer a concerné l’élévation des représentations provinciales en directions, comme il en est le cas de la DGRAD, déjà sur demande pressante des mêmes élus.

Des contacts réguliers s’organisent entre le Caucus et la Banque centrale du Congo, dont l’un est du reste prévu pour ce jeudi 28 septembre 2023.  Sous le mandat de l’honorable Adirodu Wilson, le Caucus a rencontré deux fois l’ancien gouverneur de la BCC, se rappelle Draza. “Notre objectif est qu’avec l’implantation de la banque centrale à Bunia, cinq des dix agents à y affecter soient Ituriens”, tranche le président du Caucus.

Initiatives parlementaires

Des projets très profitables à l’Ituri avaient été en son temps envisagés par l’ancien gouverneur de la BCC, que Draza promet de porter à la connaissance de la nouvelle gouverneure. L’Institut d’émission entendait se constituer en effet en acheteur des produits agricoles et ressources naturelles de la province de l’Ituri, notamment le café, le cacao et l’or. Il envisageait même l’implantation d’une raffinerie d’or. Ces projets devraient être implémentés notamment pour lutter contre la monnaie étrangère qui règne en maitre dans deux territoires de la province, Aru et Mahagi.

Draza évoque aussi la collaboration avec d’autres structures. “Nous collaborons étroitement avec le Caucus du Nord-Kivu en ce qui concerne les démarches pour aller vers la levée de l’état de siège. La table-ronde qui a eu lieu récemment, mais qui devait se tenir depuis longtemps, entre dans le cadre de cette collaboration. Nous collaborons beaucoup avec la Société civile de l’Ituri. Par exemple à la table-ronde nous avons vraiment travaillé ensemble”, susurre-t-il.

S’agissant des activités purement parlementaires, notamment celles du contrôle parlementaire, qu’auraient menées les membres du Caucus, son président en exercice dit que sous son mandat, il n’y en a pas encore eu. Il s’explique : “ Il y a des actions isolées. Il s’agit beaucoup plus des questions écrites, des interpellations, des motions, qui souvent n’ont pas abouti pour des raisons politiques. Beaucoup de ces initiatives sont de l’opposition. Or pour être efficaces les actions doivent être concertées”.

Le fonctionnement du Caucus semble assez laborieux, puisque Jean-Claude Draza déplore quelques difficultés. Comme organisation de personnes de même qualité, il n’y existe aucune contrainte. “Il faut beaucoup de diplomatie pour obtenir des consensus. Même pour que nous atteignions le quorum de nos réunions, nous sommes obligés de faire des plaidoyers, de recourir à la diplomatie”, révèle-t-il.

L’autre difficulté, c’est comment faire participer les députés provinciaux, de droit membres, à certaines réunions et activités du Caucus qui ont lieu à Kinshasa, étant donné qu’ils résident en Ituri.

Dernier écueil, les finances. “Les élus contribuent difficilement, si bien que nous n’avons même pas une caisse. Or le Caucus est censé vivre des contributions de ses membres, des dons et legs. Souvent c’est le président qui prend tout en charge, par exemple les sorties médiatiques”, se plaint-il.

Claude Pay